Rappel Utile: La confession de Tia Koné en 2013 par rapport à l’article 35 de la Constitution

Rappel Utile: La confession de Tia Koné en 2013 par rapport à l’article 35 de la Constitution

11 septembre 2015 Non Par RDR - ROYAUME UNI

Publié le mardi 12 fevrier 2013 | Nord-Sud

Dans cette interview exclusive qu’il nous a accordée, au lendemain de son repentir, au sujet de l’article 35 de la Constitution, Tia Koné, ancien président du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême, explique qu’il n’est jamais tard pour reconnaître qu’on s’est trompé.

Vous venez d’exprimer des regrets pour les torts causés par l’article 35 de la Constitution. Est-ce que ces regrets sont sincères ?

Il ne s’agit pas d’un regret. Mon regret n’est pas fait par rapport à l’article 35 ; je regrette plutôt la peine que la décis
ion a causé à certains de mes frères. L’article 35, j’en ai fait plutôt une analyse exhaustive et scientifique en disant que c’était inique et absurde. Si vous prenez le texte, vous comprendrez pourquoi c‘est inique. Donc mon regret ne se situe pas au niveau de l’article 35. Je n’ai rien à regretter à ce niveau, c‘est une analyse scientifique que j’ai faite. Je n’ai donc pas à regretter d’avoir fait cette analyse. J’ai dit qu’en 2000, les Ivoiriens ont été manipulés au moment où ils faisaient leur Constitution. Parce que ce sont les mêmes qui allaient siéger autour du président Robert Guéi à Abidjan qui allaient être les porte-parole des populations chez eux à l’intérieur du pays. Les mêmes qui restaient à Abidjan pour dire nous voulons le «et» sont les mêmes qui allaient à Aboisso, à Man ou ailleurs pour dire que les populations sont d’accord pour la conjonction «et» au lieu de « ou ». Or, si on avait fait une étude exhaustive à cette période-là, si on avait touché véritablement les populations en leur expliquant véritablement la réalité des choses, ces populations n’auraient jamais voté cette loi. Parce qu’elles ont des enfants qui sont partis faire des études en France, qui ont marié des femmes là-bas, qui sont venus avec des enfants issus de ces mariages-là. Est-ce qu’ils allaient accepter que ces enfants qui sont leurs descendants, ne soient pas chefs de l’Etat de ce pays ? Voyez-vous ? Nos enfants vont ailleurs, s’ils y ont épousé des femmes, ils viennent avec elles au pays. Ces enfants sont nos enfants, et nous allons voter une loi pour les empêcher d’être plus que nous ? Oui, ce n’est pas possible. C’est parce qu’on n’a pas expliqué aux populations à l’époque, souvent par des suites d’une manipulation politicienne, à des fins que j’ai dit inavouées à l’époque.

Vous dites que l’article 35 est inique !

Voyez, cet article 35, j’ai dit que c’était inique et c’est impossible qu’on admette cela. Donc j’ai expliqué pourquoi c’est inique, et j’ai expliqué pourquoi c’est absurde. C’est absurde parce que quand on dit, il faut être né de père et de mère eux-mêmes Ivoiriens d’origine, alors que nous nous situions à l’an 2000, où tous les candidats, qui devaient avoir au moins quarante ans, étaient nés en 1960 au plus. Mais tous ceux qui étaient nés avant, ils n’étaient pas nés Ivoiriens, encore moins leurs pères ou leurs mères, qui eux sont nés en pleine période coloniale, soit sous la nationalité française, s’ils avaient ce droit ou des sujets français. Parce qu’à l’époque, ce n’est pas tout le monde qui avait droit à la citoyenneté française. Ces derniers étaient ceux qui travaillaient avec les colons. Et tous les autres, nous étions des sujets français. En tout cas, personne n’était citoyen ivoirien. La citoyenneté ivoirienne n’existait pas. Dire qu’à cette époque, il fallait être citoyen ivoirien, je trouve cela absurde.