Présidentielle 2025: Quand le Conseil constitutionnel est mis à rude épreuve

Présidentielle 2025: Quand le Conseil constitutionnel est mis à rude épreuve

12 septembre 2025 Non Par rhdp2019

C’est désormais officiel : pour devenir président de la République en Côte d’Ivoire, il suffit d’être ivre de rêves improbables. La prestigieuse salle d’audience du Conseil constitutionnel s’est transformée, le temps d’une proclamation, en scène ouverte pour candidats en quête de gloire éphémère. Madame Chantal Nanaba Camara, magistrate émérite, a endossé contre son gré le rôle de professeure des écoles face à une volée de cancres constitutionnels.

On imagine la scène : un défilé de hurluberlus, certains venus directement de leur chaise longue, d’autres peut-être échappés d’une maison de repos, tous brandissant des « candidatures » rédigées sur des serviettes en papier ou des prospectus publicitaires. « Monsieur n’a pas l’âge requis » : voilà qui tombe sous le sens, à moins que le calcul de l’âge civil ait été remplacé par l’âge mental. « Monsieur n’a pas payé la caution » : sans doute a-t-il cru que la présidentielle était une vente aux enchères caritative… magnifique touche d’absurdiste, comme se présenter à un marathon sans jambes.

Madame la Présidente, dans un effort surhumain, a dû transformer la lecture des irrecevabilités en une séance de poésie dadaïste. Chaque motif d’irrecevabilité était une punchline, chaque carence administrative une métaphore de l’impéritie nationale. On attendait presque qu’elle ajoute, pour certains : « Monsieur a oublié de mettre ses chaussures » ou « Madame a présenté une recette de sauce graine comme projet de société ».

Le véritable danger n’est pas tant ces candidatures clownesques que leur prolifération exponentielle. Si rien n’est fait, en 2030, le dépôt des candidatures deviendra un spectacle de rue, avec numéro de chant, danse traditionnelle et peut-être même épreuve de consommation d’alloco pour être validé. Le Conseil constitutionnel devra embaucher des gardes mobiles et installer un tapis roulant pour évacuer les farfelus.

Solution proposée : instaurer un test de QI constitutionnel à l’entrée. Question 1 : « Savez-vous où se trouve Yamoussoukro ? ». Question 2 : « Avez-vous déjà vu une carte d’électeur ? ». Question 3 : « Croyez-vous sérieusement avoir une chance ? Ou pouvez-vous citer un article de la constitution ?». Les recalés se verront offrir un bon pour un tour de manège au parc d’attractions le plus proche.

En attendant, rendons grâce à ces hérauts de l’absurde qui, sans le vouloir, offrent à la Côte d’Ivoire son meilleur sketch politique depuis l’invention de la démocratie. Grâce à eux, nous savons désormais que la présidentielle est ouverte à tous : illuminés, farfelus, et rêveurs en tout genre.

La prochaine fois, peut-être devrions-nous organiser une pré-sélection sur TikTok : celui qui obtient le plus de likes devient candidat. Ce serait plus efficace et surtout, plus divertissant. Après tout, si l’on veut faire du cirque, autant y mettre les formes.

Jacob Koné Katina

Chroniqueur

Consultant en communication

ADN